défroque

défroque

défroque [ defrɔk ] n. f.
• 1611; defroc 1540; de défroquer
1Relig. Objets et vieux habits qu'un religieux laisse en mourant. La défroque d'un moine appartient au Père abbé.
2Cour. Vieux vêtements qu'on abandonne lorsqu'on les juge hors d'usage. frusques, guenille, haillon, hardes. Vieux vêtements ou habillement bizarre. Qu'est-ce que c'est que cette défroque ?

défroque nom féminin (de défroquer) Vêtement de peu de valeur qu'on ne porte plus. Vêtement démodé et ridicule.

défroque
n. f. Vêtements usés ou démodés qu'on ne porte plus.
|| Péjor. Vêtements usagés et ridicules.

⇒DÉFROQUE, subst. fém.
A.— Nom coll.
1. Vx et rare. Petit mobilier, vêtements que laisse un religieux en mourant. La défroque d'un moine appartient à l'abbé (Ac. 1835-1932).
2. P. ext., fam.
a) Ensemble des objets, des vêtements laissés par un défunt sans les affecter par testament. Si le bonhomme n'avait plus sa tête et mourait, ses filles ne me donneraient pas un liard, et toute sa défroque ne vaut pas dix francs. Il a emporté ce matin ses derniers couverts (BALZAC, Goriot, 1835, p. 270). L'épée, l'habit, le chapeau brodé, défroque de parade qui n'avait jamais servi, reluisaient d'or et de nacre dans la chapelle sombre des tentures (A. DAUDET, Nabab, 1877, p. 48).
Par antiphrase. Et la défroque, des chemises par centaines, une robe de chambre en renard bleu (A. DAUDET, Nabab, 1877p. 209).
P. méton. Le corps qui a porté ces vêtements. Que nous serions donc heureux si nous pouvions laisser dans quelque coin cette défroque de chair et d'os, destinée à faire de l'humus pour les générations futures (LOTI, Fleurs ennui, 1882, p. 22).
b) Ensemble d'objets, de vêtements portés, sans grande valeur. Lyres, tridents, sceptres, foudres, draperies, sandales, coiffures, la défroque des ateliers et des coulisses de théâtre fait son entrée (É. FAURE, Hist. art, 1909, p. 109).
B.— Usuel, fam. et péj., au sing. et au plur.
1. Vêtements déjà portés, usagés ou non. Il y a des jours où pour un rien je flanquerais en l'air ma défroque d'enfant riche, la valise de Russel, le nécessaire de Marquet (BERNANOS, Mauv. rêve, 1948, p. 961) :
1. ... ma cousine Annie qui souvent me faisait cadeau de ses défroques m'avait donné cet été là une jupe blanche plissée, un corsage en cretonne bleue : sous mon canotier de paille, je me croyais des allures de grande jeune fille.
BEAUVOIR, Mémoires d'une jeune fille rangée, 1958, p. 155.
2. En partic. Vêtements (réellement portés) spéciaux à un ordre religieux, à un corps de métier, à une époque, à un pays, portés dans telle circonstance. Défroque historique. La marchandise gît à terre, sur des bâches ou à même le pavé qui salit les défroques de tous les âges, les robes de bal et les uniformes (MORAND, Londres, 1933, p. 268). La plupart d'entre nous [soldats de la Légion étrangère] ne possèdent même pas la défroque immatriculée dans laquelle on les met en terre (BERNANOS, Journal curé camp., 1936, p. 1217). Le commissaire. — Êtes-vous donc si pressées de quitter ces défroques, et de vous habiller comme tout le monde? (BERNANOS, Dial. Carm., 1948, p. 1681).
P. iron. Le Moyen Âge, au moins, avait le bon sens de les cantonner [les Juifs] dans des chenils réservés et de leur imposer une défroque spéciale (BLOY, Désesp., 1886, p. 168) :
2. D'autres suivaient, Astier-Réhu, Desminières, tous gênés, honteux, ayant conscience et s'excusant par leur humble contenance du grotesque de ces défroques acceptables sous la lumière haute, refroidie et, pour ainsi dire historique de la coupole...
A. DAUDET, Immortel, 1888, p. 160.
3. Vêtements pauvres, démodés; en particulier vêtements achetés chez le fripier. Le jeune homme, ayant avisé aux vitres d'un brocanteur des haillons lamentables (...) avait acheté (...) la défroque d'un pauvre honteux (A. FRANCE, Révolte anges, 1914, p. 108). Toute une défroque de vestes et de redingotes décrochées chez le fripier (THARAUD, Qd Israël est roi, 1921, p. 40). C'est avec cette défroque-là que je vais leur donner à rire. Mon veston est impossible, il est sale, il est troué, mais il n'est pas ridicule. Tandis que cette requimpette! (DUHAMEL, Désert Bièvres, 1937, p. 25).
Rem. On rencontre ds la docum. le subst. masc. défroquant. Brocanteur, fripier. Deux cercueils de verre posés verticalement sur le trottoir, à droite et à gauche de la boutique d'un défroquant de Judée (JAMMES, Mém., 1921, p. 194).
C.— Littér. et vieilli [Qualifié par un adj. ou un compl.]
1. Attitude comparable (ou opposée) à celle d'un religieux. J'ai jeté aux orties la défroque (VERLAINE, Corresp., t. 1, 1881, p. 87).
2. Ensemble de thèmes et de figures usés. Défroque classique, épique. Toute une défroque mélodramatique et romantique (P. LALO, Mus., 1899, p. 187) :
3. ... toutes ces vieilles formes, ces défroques de poésies surannées et usées, qui sentent le siècle du bon roi René...
SAINTE-BEUVE, Nouveaux lundis, t. 13, 1863-69, p. 313.
Par jeu de mots avec jeter son froc. Se défroquer. Il avait jeté sa défroque romantique (ZOLA, Doc. littér., 1881, p. 78).
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. XVe s. défroque « malheur » (Dial. de Mallapaye et de Baillevant ds VILLON, Œuvres, éd. P. L. Jacob, p. 349) — 1544 (MAROT, Ballades, 11 ds HUG.); 1611 defroque « dépouillement, pillage » (COTGR.); 2. a) 1623 défroque « effets dont on ne veut plus et qu'on abandonne » (SOREL, Francion, éd. Colombey, p. 131); b) 1680 « dépouille d'un moine » (RICH.). Déverbal de défroquer. Fréq. abs. littér. :105. Bbg. PLOTON (D.). Le Lang., témoin de la civilisation monastique. Vie Lang. 1971, p. 684.

défroque [defʀɔk] n. f.
ÉTYM. 1611; defroc, 1540; déverbal de défroquer.
1 Vx ou relig. Objets et vieux habits qu'un religieux laisse en mourant. || La défroque d'un moine appartient au Père abbé.
2 Mod. Vieux vêtements qu'on abandonne lorsqu'on les juge hors d'usage. Frusques, guenille, haillon, hardes.
1 C'est un bienfait, après avoir été si longtemps son esclave, son prisonnier, que nous puissions enfin le rejeter, le dépouiller, nous évader de lui, l'abandonner au bord du chemin, comme une défroque !
Martin du Gard, les Thibault, t. IV, p. 137.
Péj. Vieux vêtements ou habillement bizarre (qui ont été ou non portés par un autre). || Qu'est-ce que c'est que cette défroque ?
2 (…) Dostoïevski ne peut vêtir l'habit de tout le monde sans paraître porter une défroque, et s'être glissé dans le vêtement d'autrui.
André Suarès, Trois hommes, « Dostoïevski », I, p. 202.
Par métaphore. Attitude, apparence peu sincère. || La défroque romantique.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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